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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/66

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ferois tout à l’heure ; mais cela est dans la nature. »

« La nature est la nature, dit Jonathan. — Et c’est ce qui fait, s’écria Suzanne, que j’ai tant de pitié de ma pauvre maîtresse. — Elle n’en reviendra jamais. — Moi, dit le caporal, de toute la maison, c’est le capitaine que je plains davantage. — Madame soulagera sa douleur en pleurant, et monsieur à force d’en parler. — Mais mon pauvre maître, il gardera tout pour lui en silence. Je l’entendrai soupirer dans son lit pendant un mois entier, comme il fit pour le lieutenant le Fevre. — Si j’osois représenter à monsieur qu’il s’afflige trop, et qu’il devroit se faire une raison. — C’est plus fort que moi, Trim, dira mon maître. C’est un accident si triste ; je ne saurois l’ôter de là, dira-t-il en montrant son cœur. — Mais monsieur cependant ne craint pas la mort pour lui-même ? — J’espère, Trim, répondra-t-il vivement, que je ne crains rien au monde que de faire le mal. — Eh bien ! ajoutera-t-il, quelque chose qui arrive, j’aurois soin du fils de le Fevre. — Et avec cette pensée, comme avec une potion calmante, monsieur s’endormira. »

J’aime à entendre les histoires de Trim sur le capitaine, dit Suzanne. — C’est bien le