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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/81

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qu’un clerc obscur, d’un génie étroit, d’un esprit lourd, qu’un homme médiocre enfin, — lui et sa Galathée auroient pu rouler ensemble pendant neuf cents soixante-cinq ans, ce qui, je crois, est l’âge que vécut Mathusalem, — je n’aurois pas pris la peine de relever ce phénomène.

Mais, monsieur, Jean de la Casa n’étoit rien moins qu’un homme médiocre. Il avoit un génie facile, un esprit élégant, une imagination riche. — Mais avec tous ces grands avantages qu’il avoit reçus de la nature, et qui devoient l’encourager à poursuivre sa Galathée, croiriez vous, monsieur, que le jour le plus long de l’été lui suffisoit à peine pour en écrire une ligne et demie. — Oh ! dites-vous, c’est abuser de la patience des gens.

Non, monsieur, voici le fait.

Monseigneur l’archevêque de Bénévent s’étoit mis dans la tête que les premières idées de tout chrétien qui se mêloit d’écrire, non pas pour son amusement particulier, mais avec le projet de donner son ouvrage au public, étoient toujours une suggestion du diable. — C’étoit-là le sort des écrivains ordinaires. Mais quand cet écrivain se trouvoit être un personnage important, un homme revêtu d’un caractère vénérable, soit dans