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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/82

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l’église, soit dans l’état, — « alors, disoit l’archevêque de Bénévent, du moment qu’il prend la plume, tous les diables de l’enfer sortent de leurs cachots pour venir le tenter ; — ils tiennent leurs assises autour de lui ; — il n’a plus une pensée dont il puisse être assuré : elles sont toutes l’ouvrage du démon. — Elles ont beau lui paroître bonnes, excellentes même, il n’importe. — Quelque forme qu’elles prennent, c’est toujours quelque suggestion diabolique, contre laquelle il doit se tenir en garde. — Oui, s’écrioit l’archevêque, la vie d’un auteur, quoiqu’il se persuade peut-être le contraire, doit se passer à combattre plus qu’à écrire ; et son noviciat est le même que celui d’un guerrier. — La mesure de leur résistance est, pour l’un comme pour l’autre, la mesure de leur talent. »

Cette théorie lumineuse de Jean de la Casa transportoit mon père ; et s’il avoit pu l’accorder entièrement avec sa croyance, je ne doute point qu’il n’eût donné de grand cœur les dix meilleurs arpens de son domaine de Shandy pour en avoir été l’inventeur. — J’expliquerai quelque jour, en parlant des opinions religieuses de mon père, jusqu’à quel point il croyoit au diable. — Pour le moment, il suffit de dire que, n’ayant pas cet honneur-