Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



CHAPITRE XXIII.

Mon oncle Tobie s’emporte.


« J’aimerois mieux passer dix fois par les baguettes, s’écria le caporal en finissant l’histoire de Suzanne, que de souffrir qu’il lui fût fait aucun mal. Avec la permission de monsieur, c’est ma faute, et nullement la sienne ».

« Caporal Trim, répondit mon oncle Tobie, en prenant son chapeau sur la table et le posant sur sa tête, — si on peut appeler faute ce que la nécessité du service exige, je suis le seul à blâmer. — Vous ayez dû obéir à vos ordres. » —

— Si le comte de Solme, mon pauvre Trim, eût obéi aux siens à la bataille de Steinkerque, dit Yorick (en raillant un peu le caporal, qui avoit été houspillé par un dragon dans la retraite) — il t’auroit sauvé. — Sauvé ! s’écria Trim, interrompant Yorick ; il auroit, ne vous en déplaise, sauvé cinq bataillons entiers. — Ces pauvres régimens de Cut, continua le caporal, en posant le premier doigt de sa main droite sur le pouce de sa main gauche, et les comptant sur chacun