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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/167

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Passe pour cela, dit le comte mais parlez franchement, trouvez-vous dans les François toute l’urbanité dont on leur fait honneur par tout ? Tout ce que j’ai vu, lui dis-je, me confirme dans cette opinion… Oh ! oui, dit le comte, les françois sont polis… Jusqu’à l’excès, repris-je.

Ce mot excès le frappa ; il prétendoit que j’entendois par-là plus que je ne disois. Je m’en défendis pendant long-temps aussi bien que je pus… Il insista sur ma réserve, et il m’engagea à parler avec franchise.

Je crois, M. le comte, lui dis-je, qu’il en est des questions que l’on se fait dans la société, comme de la musique ; on a besoin d’une clef pour répondre aux unes, comme pour régler l’autre. Une note exprimée trop haut ou trop bas, dérange tout le système de l’harmonie… Le comte de B… me dit qu’il ne savoit pas la musique, et me pria de m’expliquer de quelqu’autre façon… Une nation civilisée, M. le comte, lui dis-je enfin, rend le monde son tributaire. La politesse en elle-même, ainsi que le beau sexe, a d’ailleurs tant de charmes, qu’il répugne au cœur d’en dire du mal… Je crois cependant qu’il n’y a qu’un seul point de perfection où l’homme en général puisse arriver.