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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/202

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de votre rang, et il leur fit une profonde révérence.

Passez, passez, dirent-elles, nous n’avons point d’argent.

Il garda le silence pendant une minute on deux, et renouvela sa prière.

Ne fermez pas vos oreilles, mes belles dames, dit-il, à mes accens. Mais, mon bon homme, dit la plus jeune, nous n’avons point de monnoie… Que Dieu vous bénisse donc, dit-il, et multiplie envers vous ses faveurs !… L’aînée mit la main dans sa poche… Voyons donc, dit-elle, si je trouverai un sou marqué… Un sou marqué ! Ah ! donnez la pièce de douze sous, dit l’homme ; la nature a été libérale à votre égard, soyez-le envers un malheureux qu’elle semble avoir abandonné.

Volontiers, dit la plus jeune, si j’en avois.

Beauté compatissante, dit-il en s’adressant à la plus âgée, il n’y a que votre bonté, votre bienfaisance, qui donnent à vos yeux un éclat si doux, si brillant… et c’est ce qui faisoit dire tout à l’heure au marquis de Santerre et à son frère, en passant, des choses si agréables de vous deux.

Les deux dames parurent très-affectées ; et toutes deux à-la-fois, comme par impulsion, mirent la main dans leur poche, et