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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/269

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Dans laquelle des neuf cent rues (je ne parle que des petites) de cette capitale du monde, (car le moyen de contester aux Parisiens une dénomination qui, à la vérité n’a jamais dépassé de leur ville) dans laquelle, dis-je, de ses neuf cents rues prendrai-je un logement ? mais doucement : — c’est ici que demeure ma belle marchande de gants. — Elle est sur sa porte. Les filets de l’amour, fiction des poëtes, sont une réalité chez elle. — « Madame, ma bonne fortune ma jeté encore une fois dans votre quartier, sans que j’y pensasse. Comment se porte Madame ? — à merveille, monsieur : enchantée de vous voir. »

Quelle urbanité ! quelle politesse de langage ; et c’est la femme d’un gantier qui parle ainsi !


L’ARRIÈRE BOUTIQUE.


Il n’y avoit pas dix minutes que nous étions dans l’arrière-boutique, et ma belle marchande avoit déjà coulé à fond toutes les nouvelles du jour. Je fus bientôt au fait des nouvelles liaisons entre les danseurs de l’opéra, les filles d’honneur ; les filles de joie, et les milords anglois ; les barons allemands et les marquis italiens. La rapidité avec laquelle elle défiloit