Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son chapelet ne peut se comparer qu’à celle du Rhône, ou à la chûte du Niagara. Dans l’espace de dix minutes, j’avois recueilli assez d’anecdotes scandaleuses pour en composer deux gros volumes. « Mais, à propos, dit-elle, avez-vous quelques échantillons de nos nouvelles manufactures de gants ? » — « Où en trouve-t-on ? » — Elle descend un carton, et me fait voir une charmante collection. « Voilà les gants d’amour ; M. le duc D*** en est l’inventeur. — C’est une histoire singulière ; il faut que je vous la raconte. Madame la duchesse a pour Sigisbée un officier écossois, qui a des éruptions d’un genre particulier. Vous savez, Monsieur, que cette nation est sujette à une maladie qui lui est propre ; c’est tout comme chez nous ; — tous les pays ont leurs maux. — Le valet-de-chambre de Madame dit en confidence à Monsieur qu’il craignoit que le capitaine n’eût communiqué à sa seigneurie quelque chose qu’il n’osoit pas nommer. « Qu’est-ce que c’est, dit le duc ? ce n’est pas la gale ? » Le valet-de-chambre leva les épaules, et la duchesse entra. — La politesse ne permettoit pas au duc de demander un éclaircissement à son épouse ; il travailla donc à imaginer un moyen d’éviter la contagion. Il avoit en-