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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/371

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la récompense d’un acte de piété ; la puissance infinie les opéra, et nous les laissa dans l’écriture, non pas seulement comme un témoignage de la mission divine du prophète, mais encore comme une marque de bénédiction répandue sur la charité et la bienveillance.

J’ai choisi, mes Frères, cette anecdote sacrée, et je vais en faire la base fondamentale d’une exhortation à la charité en général ; et pour que je puisse mieux l’adapter à la solemnité de ce jour, je l’enrichirai de quelques réflexions pieuses qui exciteront sans doute en vous les sentimens de pitié dont mes projets ont besoin.

Le prophète Elisée avoit fui deux fléaux épouvantables, les approches de la famine, et la persécution d’Achab, ennemi violent : obéissant aux ordres de Dieu, il s’étoit caché le long du ruisseau de Cherith. L’homme saint, dégagé à la fois des craintes et des vanités du monde, et béni chaque jour par la providence, demeuroit dans cette solitude paisible et assurée ; les corbeaux du ciel par un instinct miraculeux, lui apportaient le matin et le soir du pain et de la viande, et il s’abreuvoit dans le ruisseau. La sécheresse continuoit, et depuis trois ans et six