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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/372

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mois les cataractes du ciel étoient fermées, quand le petit ruisseau, sa fontaine de consolation, se tarit et se dessécha, et Dieu lui inspira encore de chercher un asyle. Il lui ordonna de se lever et d’aller à Sarepte tout auprès de Sidon, en l’assurant qu’il avoit disposé le cœur d’une veuve à le secourir.

Le prophète fut docile à la voix de son Dieu. La main qui le conduisoit aux portes de la cité, en faisoit sortir la pauvre veuve, accablée de douleurs. Elle alloit mélancoliquement préparer son dernier repas, et le partager avec son fils.

Sans doute elle s’étoit long-temps débattue avec cette catastrophe terrible, elle avoit employé tous les moyens économiques que sa conservation et l’amour maternel pouvoient lui inspirer ; elle avoit rempli son cœur de soucis et de tendres appréhensions : elle avoit souvent soupiré en disant : Mon fils mourra avant le retour de l’abondance.

Veuve, elle avoit perdu depuis long-temps le seul ami fidèle qui l’eût assisté dans ce vertueux combat ; elle alloit enfin succomber sous les coups de la nécessité dont elle étoit devenu la proie aisée, quand Élisée arriva. Il l’appela et lui dit : Apportez-moi, je vous prie, un peu d’eau dans une coupe, que