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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/382

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plaisirs des sens. Il leur étoit impossible, selon lui, de former un système raisonnable de bonheur ; ils s’écouloient si vite, et les moins criminels n’étoient enfin que vanité, et vexations de l’esprit. La charité au contraire est d’une nature si pure et si rafinée, qu’elle brûle sans se consumer ; c’est allégoriquement le baril de farine, et la cruche d’huile qui ne tarissent pas. Il est facile d’ajouter un poids au témoignage de Salomon en faveur du plaisir de la bienveillance, et le philosophe Épicure nous le fournira. Son jugement ne peut être récusé ; c’étoit un sensualiste parfait. Au milieu des rafinemens qu’une imagination désordonnée peut donner aux plaisirs, il soutenoit que la meilleure façon d’augmenter son bonheur étoit de le communiquer aux autres.

S’il étoit nécessaire d’établir une pareille doctrine, on pourroit assurer qu’indépendamment de la jouissance que l’esprit de l’homme goûte dans l’exercice de cette vertu, son corps n’est jamais dans un aussi parfait équilibre que lorsqu’il se panche vers la bienfaisance, et que si rien ne contribue autant à la santé, rien n’en est une aussi forte preuve.

Soumettons à la réflexion de chacun la