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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/383

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vérité de cette opinion. Oui, la répugnance à faire le bien, est souvent suivie, si elle n’est pas produite, par une indisposition secrète de la partie animale et raisonnable. Le corps et l’esprit ont réciproquement ici une influence bien visible. Mettant de côté tout raisonnement abstrait, je ne puis concevoir que les mouvemens mécaniques, qui maintiennent la vie, se déployent avec la même vigueur et la même souplesse dans le malheureux et sordide égoïste, dont le cœur étroit et contracté ne s’est jamais attendri aux malheurs des autres, que dans celui qu’une ame, généreuse et bonne fait pencher éternellement vers la compassion. Ce malheureux est assis, couvant des projets, et ne sentant rien ; il ne jouit que de lui-même, et l’on peut en dire ce qu’un grand homme a prononcé sur celui qui manqua de justice : « il est toujours prêt à trahir, à ruser, à dépouiller ; les mouvemens de son esprit sont durs comme le marbre ; ses affections sont ténébreuses comme la nuit, ne vous confiez pas à cet homme. »

Ce que les théologiens ont dit de l’esprit, les naturalistes l’on dit sur le corps. Il n’y a point de passion aussi naturelle que l’amour, et quoique l’exemple que je viens de