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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/413

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çoient à devenir la consolation de sa vieillesse, alors que les esclaves aimés soutenoient ses années débiles : les circonstances mêmes qui ajoutent au malheur furent pour lui combinées, ils lui furent ravis au moment que sa foiblesse étoit incapable de supporter ce revers, au moment où il devoit le moins s’y attendre, quand il pouvoit se flatter qu’ils étoient hors de la voie des dangers ; « pendant qu’ils mangeoient et se réjouissoient dans la maison de l’aîné, le vent impétueux du désert secoua les quatre coins de l’édifice, et le renversa sur eux. »

Un tel assemblage de calamités n’est pas le lot commun des hommes ; il y en a cependant qui ont soutenu des épreuves aussi sévères, et qui bravement leur ont résisté, peut-être par une force d’esprit naturelle, l’aide puissante de la santé, et le secours affectueux de l’amitié. Que ne soutient-on pas avec de tels avantages ; mais Job ne les eut pas. À peine avoit-il été frappé de ces accidens subits, qu’une lèpre effroyable le couvrit depuis le sommet de la tête jusqu’à la plante des pieds ; ses amis, dans lesquels il en pouvoit trouver le remède, la femme même de son cœur, dont la main devoit soutenir sur sa tête le poids de son affliction,