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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/444

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core moins, c’est celui qui lui devroit inspirer les moindres prétentions. Hélas ! le meilleur de nous tous pèche sept fois par jour. Si j’étois parfait, disoit Job, je me tairais, je voudrais ignorer ma perfection ; si j’étois parfait, je voudrais me prouver que je suis pervers.

Que je vous recommande donc, mes auditeurs, la vertu de l’humilité religieuse. Elle tombe naturellement de mon sujet, et je ne puis mieux la graver dans vos cœurs qu’en cherchant les causes qui produisent cet orgueil que je déteste, cet orgueil spirituel ; c’est une maladie de l’esprit humain ; il faut la traiter comme celles du corps. On n’en peut découvrir les symptômes et leur appliquer des remèdes que lorsqu’on remonte aux principes, et qu’on a surpris et découvert le foyer vicieux.

Une des premières et des plus universelles causes de l’orgueil spirituel, est celle qui paroît avoir égaré le pharisien, c’est la fausse notion des vrais principes de la religion. Il pensoit sans doute qu’elle étoit toute comprise dans ces deux préceptes, payer les dîmes et jeûner, et que lorsque sa conscience s’en étoit déchargée, il avoit fait tout ce que la loi ordonnoit, et qu’il n’avoit plus qu’à remercier