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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/445

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Dieu de l’avoir créé différent des autres. Je n’ai pas besoin de l’interroger ; son erreur m’apprend qu’il croyoit être ce qu’il prétendoit être, un homme religieux et droit. Quoiqu’en effet des vues mondaines et hypocrites dirigeassent devant les hommes ses actes de piété, on ne peut pas supposer que lorsqu’il étoit seul dans le temple, et n’ayant aucun témoin de ce qui se passoit entre Dieu et lui, il eût volontairement et ouvertement osé se moquer du ciel. Cela est à peine vraisemblable. Il devoit donc sa conduite à quelques illusions de son éducation qui avoient imprimé dans son esprit de fausses notions sur les points essentiels du culte. Ces illusions en croissant avoient développé les semences de ses erreurs tant en spéculation qu’en pratique.

Il avoit été élevé comme le reste de sa secte à observer avec le raffinement le plus scrupuleux et l’exactitude la plus religieuse les pratiques les moins essentielles de la religion, ses fréquentes ablutions, ses jeûnes, ses rites externes qui n’ont aucun mérite en eux-mêmes, mais à se dispenser en même-temps d’accomplir les points le plus importans de la loi, ceux qui sont d’une obligation éternelle et immuable. C’étoient des aveugles