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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/457

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Dans toutes les actions semblables à celle-ci, les hommes les plus méchans rendent au moins hommage à l’humanité, en s’efforçant de garder les apparences autant qu’ils peuvent. Quelques crimes dont ils se rendent coupables, ils ont toujours à offrir quelques motifs vrais ou faux pour satisfaire leur conscience et le monde ; et bien souvent, Dieu le sait, pour en imposer à tous les deux. Il seroit intéressant de donner ici quelques conjectures sur ce qui se passa dans le cœur du lévite, et de montrer par quelle tournure de casuiste il s’arrangea avec sa conscience en approchant le voyageur, et comment il garda tous les passages que la piété pouvoit se frayer jusqu’à son cœur ; mais il est pénible de séjourner aussi long-temps sur cette partie désagréable de la parabole, hâtons-nous vers sa conclusion ; elle est si aimable, qu’on ne peut pas aisément être stérile en ses réflexions.

Un Samaritain, dit notre Sauveur, en passant par-là, s’approcha de lui, et dès qu’il l’eut aperçu, il en eut pitié. Il vint, pansa ses blessures avec du vin et de l’huile, le mit sur son cheval, le conduisit vers une hôtellerie, et y prit soin de lui. Il est à peine nécessaire de vous rappeler que les Juifs n’avoient aucun commerce avec les Samaritains.