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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/468

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devant Félix d’une manière si forte, qu’il ne leur laissa aucune réplique à faire.

Ah, Paul ! il te restoit encore un ennemi dans ce tribunal, il se taisoit, mais il n’étoit pas satisfait. Épargne ton éloquence, Tertullus roule le cahier de ta plainte ; Il s’élève un orateur plus pathétique que toi : c’est l’avarice, elle prend possession de la place la plus dangereuse pour le prisonnier ; elle entre dans le cœur de celui qui va le juger.

Si Félix convaincu de l’innocence de Paul va agir conséquemment, et le relâcher, l’avarice cet avocat subtil lui dit qu’il perd un des profits de son emploi, et s’il embrasse la foi du Christ, que Paul a développée dans sa défense, il lui ajoute qu’il perdra l’emploi même. En vain donc la conduite de l’apôtre lui paroît-elle sans tache, en vain son cœur consent-il à suivre l’impulsion d’une croyance à laquelle il s’étoit ouvert ; dans le même moment, ses passions se révoltent, il se forme dans son ame un parti si fort contre les premières impressions en faveur de l’apôtre et de sa cause, que l’un et l’autre sont abandonnés.

Il renvoya l’une à une audience plus particulière, qui n’eut jamais lieu, et l’autre dans les ténèbres d’un cachot, où il resta