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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/469

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deux ans ; il espéroit recevoir de l’argent pour sa liberté, ainsi que le texte nous l’apprend. Lorsqu’enfin il quitta la province, il voulut obliger les Juifs, c’est-à-dire, qu’il voulut servir son intérêt d’une autre manière, il leur prouva qu’il n’avoit rien fait pour le prisonnier, le laissa dans les chaînes et à la perspective désespérante d’y finir ses jours.

L’avarice n’est point un vice cruel par lui-même : on peut donc imaginer qu’un mélange de motifs divers remplissoit le cœur du gouverneur ; il agissoit d’une manière si opposée à l’humanité et à sa propre conviction, que si l’on pouvoit faire élever ici des conjectures, on trouveroit aisément la base qui peut les supporter. Il semble que Drusilla, que sa curiosité conduisit aux instructions de Paul, avoit un rôle qui eût très-bien figuré dans notre siècle. Joseph nous apprend qu’elle avoit abandonné le Juif son époux, et que sans aucun motif légal de justifier son divorce, elle s’étoit donnée à Félix sans cérémonie. Quoiqu’elle soit appelée ici sa femme, elle étoit la femme d’un autre, et vivoit par conséquent dans l’adultère le plus ouvert. Il étoit impossible que Saint-Paul en expliquant la foi du Christ, en développant la morale de l’Évangile, et