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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/529

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tions de Dieu, il nous imprimeroit la vénération que sa majesté et sa puissance commandent, ils nous rappelleroit que nous sommes des êtres d’un jour, nous hâtant sans relâche vers une contrée d’où nous ne reviendrons plus, que pendant notre pèlerinage nous sommes comptables envers ce Dieu, riche, il est vrai, dans ses récompenses, mais terrible en ses jugemens, ce Dieu qui calcule et enregistre toutes nos actions, qui marche sur nos traces, s’assied à côté de nos lits, épie nos démarches, ce Dieu si exact qu’il punit même les pensées secrètes de notre cœur, et qui a fixé un jour solennel, où il doit nous juger sur toutes ces informations.

Il ajouteroit… mais avec l’éloquence de l’inspiration, qu’ajouteroit-on qui n’ait pas été dit ? tous les pouvoirs de la nature ont fait mille et mille expériences sur les espérances et les craintes de l’homme, sur sa raison et ses passions. On a multiplié les instructions, on a pressé de telle sorte les argumens sur les argumens qu’il est paradoxal qu’une religion aussi avantageuse n’ait pas été plus inculquée par ses professeurs.

Le fait est que le genre humain n’est pas toujours d’humeur à être convaincu. Tant