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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/530

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que le contrat fait entre nous et nos passions subsiste, les argumens ne viendront à bout de rien. Nous nous amusons de la cérémonie de notre conversion, mais nous ne raisonnons pas sur la faculté qui peut l’opérer, tant que nous voyons les choses sous les couleurs brillantes dont la trahison des sens les peint. En vérité, quand on jette un coup-d’œil sur le monde, et qu’on y voit les hommes enclins à blâmer le mal autant qu’à le commettre, on croiroit que tous ces discours de vertu et de religion ne sont que des matières de spéculation bonnes pour amuser quelques momens perdus, et l’on en concluroit que nous nous accordons tous à une même chose, bien parler et mal agir… En vain, un mort s’élèveroit-il du tombeau.

Ah ! si les instructions que Dieu a portées aux hommes, et celle qu’il les a rendus capables de se procurer ne les ramènent pas Vers la religion, ils se roidiront toujours contre l’évidence : on s’elèveroit en vain pour les convaincre, la terre auroit beau rendre son dépôt, ce seroit la même chose ; chaque homme reprendroit bientôt son premier chemin, et les mêmes passions produiroient les mêmes vices jusques à la fin du monde.

Telle est la principale leçon que nous offre