Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/531

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cette parabole. Je vais la commenter : elle me présentera peut-être dans son cours quelqu’autre instruction à recueillir.

Cette histoire est une des plus remarquables de l’évangile. Notre Seigneur nous représente une scène, dans laquelle les deux contrastes les plus parfaits que l’on puisse établir dans les conditions, passent à-la-fois devant nos yeux. C’est un homme élevé au-dessus du niveau du genre humain, et porté au pinacle de la prospérité, des richesses, du bonheur. Je dis du bonheur, par complaisance pour le monde, et dans la supposition que les richesses nous rendent heureux, tandis que leur poursuite enflamme tellement notre imagination, que nous mettons en jeu pour elles notre esprit et notre corps, comme si nous ne les estimions jamais à un prix trop haut. Ce sont les gages de la sagesse comme de la folie. La parabole ne nous dit pas ce qu’elles coûtèrent au riche ; nous nous tairons avec l’écriture ; elle ne parle que des avantages extérieurs qu’elles procuroient à sa vanité et à sa délicatesse. Pour satisfaire l’une, il s’habilloit de pourpre et de lin ; pour contenter l’autre, il se traitoit délicieusement chaque jour ; sa table abondoit en tout ce que les divers climats peuvent fournir, ce