Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/588

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
296
Lettres

d’anciens sujets à la moderne, et de modernes sujets à l’antique ? ne déraisonnez-vous pas l’un et l’autre, et votre imagination ne vous fait-elle pas accroire que vous êtes à Sinuesse, à côté de Virgile et d’Horace, ou à Tusculura, entre Cicéron et Atticus ? oh ! quel plaisir pour moi, si à travers une touffe de lauriers, je vous voyois entourés de colonnes, sous un superbe dôme, parler, en vous enivrant de thé, des hommes qui chantoient les douces inspirations du Falerne !

Que vous devez être un couple bien maussade ! en vérité, pour ne pas vous croire un homme perdu, il faut toute la confiance que j’ai dans le pouvoir régénératif de ma société ; mais hâtez-vous, mon bon ami ; recourez-y promptement : si vous vous proposez de revivre, n’attendez pas que vous soyez à l’agonie pour faire appeler le médecin.

Vous ne savez pas tout l’intérêt que je prends à votre santé. N’ai-je pas ordonné qu’on reblanchît tout le linge, même avant qu’il fût sale, afin que vous puissiez tous les jours en avoir de blanc à table, et une serviette par dessus le marché ? n’ai-je pas fait une espèce de moulin à vent qui m’assourdit de son cliquetis, et cela pour le placer sur mon beau cerisier, afin que les oiseaux