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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/589

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Lettres

écornifleurs ne touchent point à votre dessert ? est-il besoin de vous dire qu’à souper, vous aurez de la crème et du caillé ? faites bien vos réflexions, et laissez S..... aller tout seul aux sessions de Lincoln, où il pourra disserter sur ses auteurs avec les juges du pays : pendant ce temps-là nous philosopherons et nous sentimentaliserons. — Ce dernier mot est né sous ma plume ; il est bien à votre service, ou à celui du docteur Johnson. — Vous vous assiérez dans mon cabinet, où, comme dans une boîte d’optique, vous pourrez vous amuser à considérer le spectacle du monde, à mesure que j’en offrirai les différens tableaux à votre imagination. C’est ainsi que je vous apprendrai à rire de ses folies, à plaindre ses erreurs, et à mépriser ses injustices. — Parmi ces différentes scènes, je vous offrirai une jeune et sensible demoiselle : une douleur amère aura fixé une larme sur sa belle joue. — Après avoir entendu le récit de son infortune, vous tirerez un mouchoir blanc de votre poche pour essuyer ses yeux et les vôtres. — Ensuite vous irez vous coucher, non avec la demoiselle, mais avec la conscience d’un cœur susceptible de s’attendrir ; vous en trouverez l’oreiller plus doux,