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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/639

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Lettres

elle annonce que vous possédez une source de sensibilité qui doit rendre votre vie heureuse et honorable, quelque accident qui puisse la traverser : — avec cette précieuse qualité, l’infortune ne pourra jamais vous abattre ; et quoique la folie, les passions, le vice même puissent obscurcir ou affoiblir, pour un temps, l’excellence de votre caractère, il ne sera jamais en leur pouvoir de la détruire. — Ceci se rapporte à ce léger trait d’une sensibilité délicate qui vous échappa l’hiver dernier ; — quoique je l’aye raconté plusieurs fois à d’autres avec le plus grand éloge, je ne m’étois pas encore avisé de vous en parler à vous-même ; mais le moment est venu de le faire, et mon esprit m’y pousse d’une manière irrésistible. Je me trouve, pour cela, dans des dispositions convenables, et qui, je crois, me sont naturelles.

Vous devez vous rappeler que le mois de janvier dernier vous vîntes me trouver un soir, lorsque j’étois dans mon lit malade, rue de Bond ; — vous ne devez pas avoir oublié non plus que vous passâtes la nuit entière au chevet de mon lit, remplissant tous les devoirs d’une amitié tendre et pieuse. — Je croyois avoir le squelette de la mort à mes talons ; — je pensois même qu’il alloit me