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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/721

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Diverses

et qui entends chaque soupir mélancolique qui échappe à notre découragement.

Vers le milieu du treizième siècle, et sous le pontificat de Grégoire IX, il arriva un singulier événement. Le comte de Gleichen fut fait prisonnier dans un combat contre les Sarrasins, et condamné à l’esclavage. Comme il fut employé aux travaux des jardins du sérail, la fille du Sultan le remarqua. Elle jugea qu’il étoit homme de qualité, conçut de l’amour pour lui, et lui offrit de favoriser son évasion s’il vouloit l’épouser. Il lui fit répondre qu’il étoit marié ; ce qui ne donna pas le moindre scrupule à la Princesse accoutumée au rit de la pluralité des femmes. Ils furent bientôt d’accord, cinglèrent et abordèrent à Venise. Le comte alla à Rome, et raconta à Grégoire IX chaque particularité de son histoire. Le Pape, sur la promesse qu’il lui fit de convertir la Sarrasine, lui donna des dispenses pour garder ses deux femmes.

La première fut si transportée de joie à l’arrivée de son mari sous quelque condition qu’il lui fût rendu, qu’elle acquiesça à tout, et témoigna à sa bienfaitrice l’excès de sa reconnoissance. L’histoire nous apprend que la Sarrasine n’eut point d’enfans, et qu’elle