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Page:Stevenson - L’Île au trésor, trad. Varlet.djvu/169

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LA PALANQUE

Le capitaine Smollett se leva de sa place, et, d’un coup sec sur la paume de sa main gauche, vida le culot de sa pipe.

— Est-ce tout ? demanda-t-il.

— C’est mon tout dernier mot, cré tonnerre ! répondit John. Refusez cela, et vous n’aurez plus de moi que des balles de mousquet.

— Très bien, dit le capitaine. À mon tour de parler. Si vous venez ici un par un, désarmés, je m’engage à vous flanquer tous aux fers, et à vous ramener en Angleterre où vous serez jugés dans les formes. Si vous refusez, sachez que je m’appelle Alexandre Smollett, que j’ai hissé les couleurs de mon souverain, et que je vous expédierai tous à maître Lucifer… Vous ne pouvez pas découvrir le trésor. Vous ne pouvez pas manœuvrer le navire… il n’est pas un homme parmi vous qui en soit capable. Vous ne pouvez pas nous combattre… Gray, que voilà, est venu à bout de cinq des vôtres. Votre navire est livré au vent, maître Silver ; vous êtes prêt à faire côte, et vous ne tarderez pas à vous en apercevoir. Je reste ici, je vous le déclare ; et c’est la dernière fois que je vous parle en ami, car, j’en atteste le ciel, la prochaine fois que je vous rencontrerai, je vous logerai une balle dans le dos. Ouste, mon garçon. Débarrassez-nous le plancher, je vous prie, un peu vite, et au trot.

Le visage de Silver était à peindre : de fureur, les yeux lui sortaient de la tête. Il secoua sa pipe encore en feu.

— Aidez-moi à me relever ! s’écria-t-il.

— Jamais de la vie, répliqua le capitaine.

— Qui va m’aider à me relever ? hurla-t-il.

Personne ne bougea. Poussant les plus affreuses imprécations, il se traîna sur le sable jusqu’à ce qu’il pût s’accrocher à la paroi du vestibule et se