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Page:Stevenson - L’Île au trésor, trad. Varlet.djvu/168

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L’ÎLE AU TRÉSOR

morceaux. Voilà ce que vous devez savoir, mon garçon, à ce sujet.

Cette petite bouffée d’humeur eut pour résultat de calmer Silver. Son début d’irritation tomba, et il se ressaisit :

— Ça se peut ben, dit-il. Je n’ai pas à déterminer ce que les gens comme il faut peuvent juger correct ou non, suivant le cas. Et puisque vous vous apprêtez à fumer une pipe, capitaine, je prendrai la liberté d’en faire autant.

Il bourra sa pipe et l’alluma. Pendant un bon moment, les deux hommes restèrent à fumer sans mot dire, tantôt se regardant comme des chiens de faïence, tantôt renforçant leur tabac, tantôt se penchant pour cracher. On se serait cru au spectacle.

— Maintenant, reprit Silver, voici. Vous nous donnez la carte pour nous permettre de trouver le trésor, et vous cessez de canarder les pauvres matelots et de leur casser la tête pendant leur sommeil. Faites cela, et nous vous donnons à choisir… Ou bien vous venez à bord avec nous, une fois le trésor embarqué, et alors je prends l’engagement, sur ma parole d’honneur, de vous déposer à terre quelque part sains et saufs. Ou, si cela n’est pas de votre goût, vu que plusieurs de mes hommes sont un peu brutaux et ont de vieilles rancunes à cause des punitions, alors vous pouvez rester ici. Nous partagerons les provisions avec vous, à parts égales ; et je prends l’engagement, comme ci-devant, d’avertir le premier bateau que je rencontrerai et de l’envoyer ici vous prendre. Voilà qui est parler, vous le reconnaîtrez. De meilleure proposition, vous ne pouviez pas en attendre, c’est impossible. Et j’espère (il éleva la voix) que tous les matelots présents dans ce blockhaus réfléchiront à mes paroles, car ce que je dis pour l’un, je le dis pour tous.