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Page:Stevenson - Le Roman du prince Othon.djvu/146

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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

— Madame, répliqua Othon en souriant, c’est pour affaire à moi.

Sous la table, Gondremark poussa Grafinski du genou.

— Si Votre Altesse, commença alors le pantin, voulait bien nous indiquer la destination…

— Vous n’êtes pas ici, Monsieur, pour interroger votre prince, dit Othon.

Grafinski en appela du regard à son capitaine, et Gondremark vint à son secours, d’un ton suave et mesuré.

— Votre Altesse, dit-il, peut avec raison paraître surprise, et monsieur Grafinski, bien qu’il soit, j’en suis convaincu, innocent de toute intention d’offenser Votre Altesse, aurait peut-être mieux fait de commencer par une explication. Les ressources de l’État sont en ce moment entièrement absorbées, ou plutôt (ainsi que nous espérons le prouver) sagement placées. D’ici à un mois je ne doute pas que nous ne puissions faire honneur à quelque ordre que ce soit que Votre Altesse voudra nous imposer. Mais, à l’heure présente, je crains fort que, même en si petite matière, il lui faille se préparer à un désappointement. Notre zèle n’en est pas moindre, quelque insuffisants que soient nos pouvoirs.

— Monsieur Grafinski, demanda Othon, combien avons-nous au Trésor ?

— Votre Altesse, protesta le trésorier, nous avons un besoin immédiat de tout ce qui s’y trouve.

— Je crois, vraiment, que vous refusez de me répondre, Monsieur ! dit le prince, avec un éclair. Puis, se retournant vers la table voisine : — Mon-