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Page:Stevenson - Le Roman du prince Othon.djvu/150

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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

guerre n’est pas simplement un agrandissement territorial ; encore moins est-ce une guerre pour la gloire, car, ainsi que Votre Altesse l’indique, la principauté de Grunewald est trop infime pour être ambitieuse. Mais le corps de l’État est sérieusement malade. Le républicanisme, le socialisme, nombre d’idées révolutionnaires ont pris racine dans le pays. Cercles par cercles, une organisation réellement formidable s’est étendue autour du trône de Votre Altesse.

— J’en ai entendu parler, monsieur de Gondremark, fit le prince, mais j’ai lieu de penser que vos informations ont plus d’autorité.

— Cette expression de confiance de la part de mon prince m’honore, répliqua Gondremark sans perdre contenance. C’est donc simplement en vue de ces désordres, que notre politique extérieure présente a été dirigée. Il fallait quelque chose pour distraire l’attention publique, pour employer les désœuvrés, pour rendre populaire le gouvernement de Votre Altesse, et pour le mettre à même de réduire les impôts, d’un seul coup et d’une façon considérable. L’expédition projetée (car on ne saurait sans hyperbole appeler cela une guerre) a semblé aux yeux du Conseil réunir les caractères divers dont il est besoin. Une amélioration sensible s’est montrée dans les sentiments populaires rien qu’à la nouvelle de nos préparatifs, et je ne doute aucunement qu’après nos succès l’effet produit dépassera nos espérances les plus hardies.

— Vous êtes fort adroit, monsieur de Gondremark, dit Othon. Vous me remplissez d’admira-