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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/105

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nes du catéchisme deviennent insensiblement nos principes et ne se laissent plus rejeter. Sa pensée, son esprit devient la seule puissance et nous n’entendons plus les appels de la chair. Mais identiquement, je puis par la « chair » briser la tyrannie de l’esprit ; car c’est seulement quand il perçoit aussi la chair qu’il se perçoit entier, et c’est seulement quand il se perçoit entier qu’il est être percevant et doué de raison. Le chrétien ne connaît pas la misère de sa nature asservie, mais il vit dans l’ « humilité » ; il ne murmure pas contre les injustices qui frappent sa personne : avec la « liberté d’esprit », il se croit satisfait. Si maintenant la chair parle en lui, si, comme elle ne peut faire autrement, elle prend un ton passionné, indécent, malintentionné, malicieux, il croit alors entendre des voix diaboliques, des voix contre l’esprit (car la décence, l’absence de passion, les bonnes intentions, etc. sont justement esprit) et déploie à bon droit son zèle contre elles. Il ne serait pas chrétien s’il la laissait parler. Il n’entend que la moralité, et frappe l’immoralité en pleine gueule, il n’entend que la légalité et bâillonne la bouche qui prononce des paroles illégales : L’esprit de la moralité et de la légalité, maître rigide et inflexible, le tient prisonnier. On appelle cela la domination de l’esprit — c’est également le point d’appui de l’esprit.

Et qui maintenant les seigneurs habituels du libéralisme veulent-ils faire libre ? Vers quelle liberté crient-ils haletants ? Vers celle de l’esprit ! De l’esprit de moralité, de légalité, de piété et de crainte en Dieu, etc… Cette liberté de l’esprit, messieurs de l’antilibéralisme la veulent aussi, et tout le différend entre les uns et les autres tourne autour de ce point : « les derniers seuls auront-ils la parole, ou les premiers seront-ils admis à