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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/181

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En réalité, cette irritation n’en a pas aux heureux, mais au bonheur, cette plaie du régime bourgeois. Le communisme proclamant que l’activité libre est l’essence de l’homme, a besoin, comme tout sentiment quotidien, d’un dimanche, comme tout effort matériel, d’un Dieu, d’une élévation, d’une édification, à côté de son « travail » dépourvu d’idéalité.

Quand le communiste voit en toi l’homme, le frère, ce n’est là que le dimanche du communisme. Pour tous les jours il ne te considère pas le moins du monde comme homme, mais comme travailleur humain ou comme homme travailleur. Le principe libéral réside dans la première conception, dans la seconde se cache l’antilibéralisme. Si tu étais un « fainéant » certes il ne méconnaîtrait pas l’homme en toi, mais il chercherait à purifier cet homme paresseux qui est en toi de sa paresse et à te convertir à la foi que le travail de l’homme est « sa vocation et sa destinée ».

C’est pourquoi il se montre avec un double visage ; avec l’un, il veille à ce que la spiritualité de l’homme soit satisfaite, avec l’autre, il examine les moyens de donner satisfaction à l’homme matériel, corporel. Il donne à l’homme la double fonction d’administrer ses biens et matériels et spirituels.

La bourgeoisie avait donné libre accès aux biens spirituels et matériels et laissé à chacun la faculté de rechercher ce qui excitait ses convoitises. Le communisme les procure réellement à tout homme, il les lui impose, il le contraint à les acquérir. Comme les biens matériels et spirituels peuvent seuls à ses yeux faire de nous des hommes, le communisme considère que sa tâche supérieure est de nous forcer à les acquérir sans objection afin que nous devenions des hommes. Le