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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/182

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régime bourgeois avait fait le profit libre, le communisme y contraint et il ne connaît que l’homme qui lutte pour acquérir, l’homme qui exerce un métier. Il ne suffit pas que l’industrie soit libre, il faut t’en saisir.

Il reste à montrer que l’acquisition de ces biens ne fait encore de nous, en aucune façon, des hommes.

Avec le commandement libéral qui ordonne que chacun fasse de soi un homme, la conséquence nécessaire devait être que chacun pût gagner du temps pour pouvoir se livrer à ce travail d’ « humanisation », en d’autres termes, qu’il fût possible à chacun de travailler pour soi.

La bourgeoisie crut en avoir donné le moyen en abandonnant toutes choses humaines à la concurrence, et en autorisant l’individu à les convoiter toutes : « Chacun peut aspirer à tout ! »

Le libéralisme social trouve insuffisant ce « peut » parce que peut signifie seulement qu’il n’est défendu à personne, non qu’il soit possible à chacun. En conséquence il affirme que le régime bourgeois n’est libéral qu’en paroles et qu’en fait il est profondément anti-libéral. Lui, de son côté, veut nous donner à tous les moyens de travailler pour nous-mêmes.

Certes le principe du bonheur ou de la concurrence est dominée par celui du travail. Mais en même temps, le travailleur, dans sa conscience que l’essentiel en lui-même c’est « le travailleur », se tient bien loin de l’égoïsme et demeure soumis à la suprématie d’une société de travailleurs, comme le citoyen dépendait résigné de l’État-concurrence. On continue à faire le beau rêve du « devoir social ». De nouveau on pense que la société nous donne ce dont nous avons besoin, par