Aller au contenu

Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Qu’arrivera-t-il pourtant ? La vie sociale prendra-t-elle fin et verra-t-on disparaître toutes relations, toute fraternité, tout ce qu’engendre le principe d’amour ou de société ?

Comme s’il était possible que l’homme ne cherchât pas toujours son semblable, parce qu’il lui est nécessaire, qu’il n’ait pas toujours recours à lui quand il lui sera nécessaire ! Mais la différence, c’est que l’individu s’unira réellement à l’individu, tandis que précédemment il était lié à lui : avant la majorité un lien relie le fils au père, après, ils peuvent aller indépendants, avant la majorité ils étaient rattachés l’un à l’autre comme membres de la famille (ils étaient les serfs de la famille), après, ils s’unissent comme égoïstes ; les catégories de père et de fils subsistent, mais le fils et le père ne s’y rattachent plus.

Le dernier privilège, en réalité, c’est « l’Homme » ; par lui tous sont privilégiés ou fieffés.

Comme le dit Bruno Bauer : le privilège subsiste quoique étendu à tous[1].

Ainsi le libéralisme passe par les phases suivantes :

1° L’individu n’est pas l’homme, par conséquent sa personnalité isolée ne compte pour rien, ni volonté personnelle, ni fantaisie, ni ordre ou ordonnance !

2° L’individu n’a rien d’humain, par conséquent ni mien, ni tien, pas de propriété.

3° Comme l’individu n’est pas homme et qu’il n’a rien d’humain, il doit être égoïste et avec son caractère égoïste être anéanti par la critique et faire place à l’Homme « qui vient seulement d’être découvert ».

Mais bien que l’individu ne soit pas homme, l’homme cependant existe dans l’individu, et, comme tout spec-

  1. Bruno Bauer, Judenfrage, S. 60.