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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/212

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la partie satisfaite c’est le Tiers-État (Bourgeoisie, Philistins, etc.). La masse est la partie insatisfaite. Dans ces conditions, le critique n’appartient-il pas lui-même à la masse ?

Mais les mécontents n’ont encore qu’un malaise très obscur, et leur mécontentement se borne à s’exhaler en une « mauvaise humeur infinie ». Leur maître à tous sera le critique insatisfait : il ne peut tendre à autre chose qu’à délivrer la masse de sa « mauvaise humeur ». Aussi veut-il « combler le fossé profond qui le sépare de la masse ». Il se distingue de ceux qui « veulent relever les classes inférieures » en ceci qu’il ne veut pas seulement délivrer les autres, mais se délivrer lui-même de son « mécontentement ».

D’ailleurs sa conscience ne le trompe pas quand elle lui dit que la masse est « l’ennemie naturelle de la théorie » et prévoit que plus la théorie se développera, plus elle fera de la masse un tout compacte. Car le critique avec son hypothèse « l’homme » ne peut l’éclairer ni la satisfaire. Si en face de la bourgeoisie, elle n’est que « la classe inférieure », une masse sans signification politique, à plus forte raison, relativement à l’« homme » elle doit être une « masse » pure et simple sans signification humaine, une masse inhumaine, une foule d’être qui n’ont rien d’humain.

Le critique fait table rase de tout ce qui est humain et partant de l’hypothèse que l’Humain est le vrai, il travaille contre lui-même en attaquant l’Humain partout où on l’a trouvé jusqu’ici. Il prouve simplement que l’Humain ne peut se trouver nulle part ailleurs que dans sa tête, tandis que l’Inhumain peut être trouvé partout. L’Inhumain, c’est le réel, ce qui existe partout, et le critique en prouvant que ce n’est pas « l’Humain »