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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/237

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pouvais te saisir, je te saisirais vraiment. Et si seulement je trouve un moyen d’arriver jusqu’à toi, tu ne m’effraieras plus. Inconcevable, tu ne resteras pour moi inconcevable que jusqu’à ce que j’aie acquis la force de la conception, que je puisse te nommer mon bien propre ; je ne me retire pas devant toi, j’attends seulement que le temps vois venu. Je me contente pour le moment de t’en vouloir, tu me le paieras pourtant !

De tout temps les hommes forts ont agi ainsi. Quand les vaincus eurent fait de la force indomptable leur souveraine, qu’ils l’eurent adorée et exigé de tous les autres l’adoration, il vint un fils de la nature qui refusa de se rendre et chassa la force adorée de son Olympe inaccessible. Il cria au soleil « arrête ta course » et laissa la terre décrire son orbite ; les « vaincus » durent approuver ; il planta sa hache dans le chêne sacré et ils s’étonnèrent qu’aucun feu céleste ne vînt le foudroyer, il jeta le pape à bas de la chaire de Saint-Pierre et ils ne surent l’en empêcher ; il renversa le trafic des indulgences et les « vaincus » poussèrent des hurlements, mais, impuissants, ils finirent par se taire.

Ma liberté n’est parfaite que lorsqu’elle est ma force ; mais, par celle-ci je cesse d’être un simple homme libre, je deviens un propriétaire. Pourquoi la liberté des peuples est-elle un « mot creux » ? Parce que les peuples n’ont aucune puissance ! D’un souffle du moi vivant je renverse les peuples, que ce soit le souffle d’un Néron, d’un empereur de Chine ou d’un simple écrivain. Pourquoi donc les chambres de… aspirent-elles vainement à la liberté et sonnettes menées à la baguette par les ministres ? La force est une belle chose et sert dans bien des cas, car « on va plus loin avec une