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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/238

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main pleine de force qu’avec un sac plein de droit. » Vous aspirez à la liberté, insensés ! Si vous preniez la force, la liberté viendrait d’elle-même. Voyez, celui qui a la force « est au-dessus des lois » . Comment goûtez-vous cette manière de voir, messieurs les « amis des lois ? » Mais vous n’avez pas de goût !

L’appel à la « liberté » sonne éclatant autour de nous. Mais sent-on, comprend-on ce que peut signifier une liberté donnée ou octroyée ? On ne reconnaît plus le mot dans toute son abondance qui signifie essentiellement toute liberté, libération par soi-même, c’est-à-dire que j’ai autant de liberté que, par mon être particulier, je puis m’en procurer. Que sert aux brebis que personne ne restreigne leur liberté de parole, elles en sont encore à bêler ; donnez à quelqu’un qui intérieurement est musulman, juif ou chrétien, la permission de parler comme il pourra : il n’aura que des niaiseries à vous débiter. Au contraire, que certains autres vous suppriment la liberté de parler et d’entendre, ils tireront le meilleur parti de leur avantage temporaire, car vous pourriez peut-être dire et entendre des choses qui feraient perdre leur crédit à ces certaines personnes.

Si pourtant ils vous donnent la liberté, ce sont des coquins qui vous donnent plus qu’ils n’ont. Ensuite ils ne vous donnent rien qui leur appartienne, mais de la marchandise volée, ils vous donnent votre propre liberté, la liberté que vous devriez prendre vous-mêmes, et ils vous la donnent à la seule fin que vous ne la preniez pas et que vous ne demandiez en outre des comptes aux voleurs et aux imposteurs. Dans leur malice ils savent bien que la liberté (donnée, octroyée) n’est pas une liberté, car, seule, la liberté que l’homme