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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/290

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pas leur essence même à chacun, mais le seul fait d’être voisin. Étant distincts, ils devaient nécessairement être en désaccord et l’inégalité subsistera toujours. Vraiment ce n’est pas ta faute si tu te raidis contre moi et affirmes ta particularité, ta personnalité : car tu ne peux l’abandonner, te renier.

C’est ne voir l’opposition que dans la forme et en réduire singulièrement l’importance que de vouloir simplement la « résoudre » pour faire place à un troisième terme « conciliateur ». Bien au contraire, il faut qu’elle soit rendue plus aiguë. Juifs et Chrétiens votre antagonisme est trop faible, car vous vous bornez à disputer sur la religion, à peu près comme vous disputez sur la barbe de l’empereur et autres balivernes. Ennemis en religion, vous demeurez sur le reste bons amis, et, par exemple, vous êtes égaux comme hommes les uns aux autres.

Pourtant vous êtes aussi différents dans le reste et vous ne dissimulerez pas plus longtemps vos contrastes quand vous les aurez entièrement reconnus et que chacun de vous se sera affirmé de la tête aux pieds unique. Alors certes, l’opposition antérieure sera résolue, mais seulement pour être absorbée en une autre plus puissante.

Notre faiblesse n’est pas d’être en antagonisme avec les autres mais de ne pas l’être complètement, de ne pas être complètement séparés d’eux, nous cherchons une « affinité », un lien, et nous trouvons dans la communauté notre idéal. Une foi, un Dieu, une idée, toutes les têtes sous le même chapeau. S’il n’y avait qu’un chapeau pour tout le monde, l’on n’aurait plus besoin de retirer son chapeau devant un autre.

L’opposition dernière et catégorique, celle de l’indi-