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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/318

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cas, le peuple est une puissance de hasard, une force de la nature, un ennemi, que je dois vaincre.

Comment se représente-t-on un peuple « organisé » ? (p. 132). Un peuple « qui n’a plus aucun gouvernement », qui se gouverne lui-même, où aucun moi n’est dominant, un peuple organisé par l’ostracisme. Le bannissement des Moi, l’ostracisme fait le peuple maître de lui-même.

Si vous parlez du peuple, vous devez parler du prince ; car le peuple, s’il doit avoir un rôle subjectif et faire l’histoire, a nécessairement comme tout être agissant une tête, un « chef ». Weitling en donne l’idée dans le « Trio » et Proudhon déclare « qu’une société pour ainsi dire acéphale, ne peut vivre ».

La vox populi nous est maintenant toujours présentée, et « l’opinion publique » doit régner sur les princes. Certes la vox populi est en même temps vox dei, mais sont-elles l’une et l’autre de quelque utilité et la vox principis n’est-elle pas aussi vox dei.

Ici rappelons-nous « les nationalistes ». Demander que les 38 États de l’Allemagne agissent comme une seule nation est aussi fou que de vouloir que 38 essaims d’abeilles conduites par 38 reines-abeilles se réunissent en un seul essaim. Toutes restent abeilles, mais elles ne sont pas de même nature et ne peuvent agir en commun, seulement les abeilles-sujettes sont obligées de suivre les abeilles-mères. Les peuples comme les abeilles sont sans volonté et c’est l’instinct de leur abeille-mère qui les conduit.

Que si l’on renvoie les abeilles à leur caractère national d’abeilles, en quoi elles sont toutes égales, on ferait comme on fait aujourd’hui avec tant de passion en rappelant les Allemands au caractère national alle-