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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/319

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mand. La nation allemande a ceci de commun avec la nation-abeille, qu’elle porte en elle la nécessité des divisions et des séparations, sans pour cela, pousser jusqu’à la séparation dernière, où, ayant atteint son achèvement, la séparation prend fin par là même : je veux dire, sans aller jusqu’à ce que l’homme soit séparé de l’homme. Certes, la nation allemande se divise en différents peuples, en diverses souches, etc., c’est-à-dire en ruches d’abeilles, mais l’individu qui a la qualité d’Allemand est aussi impuissant que l’abeille isolée. Et cependant, seuls les individus peuvent entrer ensemble en association, car toutes les alliances et unions de peuple sont et demeurent des assemblages mécaniques, parce que les parties associées, autant du moins que les peuples peuvent être considérés comme associés, sont sans volonté. C’est seulement avec la dernière séparation que la séparation même prend fin et tourne en association.

Maintenant les nationalistes s’efforcent de rétablir l’unité abstraite et sans vie du peuple-abeille, mais les particularistes[1] combattent pour l’unité propre qu’ils poursuivent, pour l’association. C’est la caractéristique de tous les vœux réactionnaires qu’ils doivent représenter quelque chose de général, d’abstrait, un concept vide et inanimé. Au contraire, les particularistes cherchent à dégager les individus vigoureux et pleins de vie du chaos des généralités. Les réactionnaires voudraient bien en pétrissant la terre pouvoir façonner un peuple, une nation ; les particularistes n’ont qu’eux-mêmes

  1. Ne pas prendre le mot particularisme dans le sens politique qui lui a été donné. Nous n’avons qu’un seul mot pour « l’individu ». L’Allemand en a plusieurs qui ont chacun des nuances très appréciables. Ici particularisme est la tendance au triomphe à l’épanouissement de l’individu particulier. (Note du traducteur).