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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/334

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sans pudeur, sans conscience, fier ; n’entends-tu pas dans le lointain gronder le tonnerre et ne vois-tu pas maintenant le ciel, chargé de pressentiments, s’emplir de silence et s’obscurcir ?




Celui qui se refuse à gaspiller ses forces pour des Sociétés aussi étroites que la famille, le parti, la nation, aspire toujours à une société supérieure, il pense avoir trouvé, dans la société humaine ou dans l’humanité, le véritable objet de son amour et il mettra son honneur à s’y sacrifier : désormais, « il vit pour servir l’humanité ».

Le peuple est le corps, l’État, l’esprit de la personne souveraine qui jusqu’ici m’a opprimé. On a voulu annoncer aux peuples et aux États qu’on voulait les développer jusqu’à être l’humanité et la « raison générale » ; seulement, la servitude, du fait de cette extension deviendrait encore plus intense, car les Philanthropes et les Humains sont des maîtres aussi absolus que les politiciens et les diplomates.

De récents critiques s’emportent contre la religion parce qu’elle place Dieu, le Divin, l’Humain, hors de l’homme et en fait quelque chose d’objectif, tandis qu’eux placent ces sujets dans l’homme. Seulement ces critiques commettent la même faute que la religion, comme elle, ils donnent à l’homme « une destination » en voulant qu’il soit divin, humain, etc., que son essence soit la moralité, la liberté, l’humanité, etc., etc. Comme la religion, la politique a voulu « élever » l’homme, l’amener à la réalisation de son « être », de sa « destinée », faire quelque chose de lui, un « homme