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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/333

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pensée » et la suppression des « droits naturels de l’homme » on n’a que des remontrances et des prières.

Le code criminel n’existe que par la chose sacrée et meurt de soi-même quand on abandonne la peine. Partout aujourd’hui on veut créer de nouvelles lois pénales sans avoir le moindre doute sur la peine considérée en elle-même. Or précisément, la peine doit faire place à la réparation qui doit chercher non pas à donner satisfaction au droit et à la justice, mais à nous-mêmes. Si quelqu’un nous fait quelque chose que nous n’acceptons pas, nous brisons sa force et faisons valoir la nôtre. Nous nous satisfaisons sur lui et ne tombons pas dans la sottise de vouloir satisfaire le droit (le fantôme). Ce n’est pas chose sacrée qui doit se défendre contre l’homme, mais l’homme contre l’homme, de même qu’aujourd’hui dieu ne se défend plus contre l’homme, quand autrefois et même encore de nos temps, tous les serviteurs de Dieu lui offraient leur bras pour châtier l’impie, comme ils le prêtent aujourd’hui à la cause sacrée. Cette soumission à la chose sainte fait que sans intérêt vivant, particulier, on se borne à livrer les malfaiteurs à la police et aux tribunaux : remise impitoyable aux autorités « qui administrent aussi bien que possible la chose sacrée », le peuple pousse furieusement la police sur tout ce qui lui paraît immoral ou simplement inconvenant, et cette furie populaire pour la morale protège plus l’institution de la police que ne pourrait le faire jamais le gouvernement.

Depuis, l’égoïste s’est affirmé dans le crime et s’est moqué du très-saint, la rupture avec la chose sacrée ou plutôt de la chose sacrée est devenue générale. Ce n’est pas une révolution qui revient, c’est le crime qui se prépare, un crime énorme, sans considération pour rien,