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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/340

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crés et garantis par qui ? Tout d’abord par l’État, la société, mais proprement par l’homme ou « l’idée », « l’idée de la cause » : car l’idée fondamentale des biens consacrés est qu’ils soient véritablement humains ou plutôt que leur détenteur les possède à titre d’homme et non de non-homme.

Au point de vue spirituel, de tels biens, ce sont la foi de l’homme, son honneur, ses sentiments de morale, de décence, de pudeur, etc. Des actions attentatoires à l’honneur (paroles, écrits) sont punissables ; de même des attaques dirigées contre ce qui est « la base de toutes les religions », des attaques poussées contre la foi politique, bref contre tout ce qu’un homme a « de plein droit ».

Le libéralisme critique n’a pas encore décidé jusqu’où il étendrait le caractère sacré des biens, et s’imagine d’ailleurs être hostile à toute sainteté ; seulement comme il combat l’égoïsme, il doit lui imposer des bornes et il ne peut laisser le non-homme se suer sur l’homme. S’il avait un jour le pouvoir, à son mépris théorique de la « masse » correspondrait un refoulement pratique.

Quelle extension reçoit le concept « homme », ce qu’il en échoit à l’individu, ce que c’est ainsi que l’homme et l’humain, autant de questions sur lesquelles se divisent les différentes nuances du libéralisme, car l’homme politique, l’homme social, l’homme humain y prétendent toujours l’un plus que l’autre. Celui qui a le mieux saisi ce concept sait le mieux de tous ce qui revient à l’ « homme ». L’État ne le conçoit encore que dans ses limites politiques, la société dans ses limites sociales ; seule l’humanité, semble-t-il, saisit le concept dans toute son étendue, en d’autres termes, « l’histoire de l’humanité constitue son développement ». Mais si