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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/343

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ce soit une propriété respectée ! Plus il existe de tels propriétaires, de tels métayers, plus l’État a « d’hommes libres et de bons patriotes. »

Le libéralisme comme tout ce qui est religieux compte sur le Respect, l’humanité, les vertus de l’amour. C’est pourquoi il vit dans un incessant soupçon. Car dans la pratique les gens ne respectent rien et, tous les jours, les petits biens sont rachetés par les grands propriétaires et des « hommes libres » deviennent des journaliers.

Si au contraire les « petits propriétaires » avaient pensé que la grande propriété était aussi la leur, ils ne s’en seraient pas exclus eux-mêmes respectueusement et n’en auraient pas été exclus.

La propriété, comme les libéraux bourgeois la comprennent, mérite les attaques des communistes et de Proudhon : elle est insoutenable parce que le propriétaire bourgeois n’est véritablement qu’un sans-propriété ; il n’est partout qu’un exclu. Bien loin que le monde lui appartienne, le misérable point sur lequel il s’agite ne lui appartient même pas.

Proudhon ne veut plus du propriétaire qu’il remplace par le possesseur, l’usufruitier. Qu’est-ce que cela signifie ? Il ne veut pas que l’individu ait la propriété du sol ; il lui en accorde seulement les fruits ; ne lui en reconnaîtrait-on que la 100e partie, il en est cependant le propriétaire et peut en disposer à sa guise. Celui qui n’a que la jouissance d’un champ n’en est certes pas le propriétaire, encore moins celui qui doit, ainsi que le veut Proudhon, abandonner de son profit la part excédant ses besoins ; il n’est propriétaire que du reste. Ainsi Proudhon nie telle et telle propriété, non la propriété. Si nous ne voulons pas laisser plus longtemps