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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/377

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société ne peut te procurer une ami, un service amical, même un service individuel. Et cependant à tout instant tu as besoin d’un tel service, dans les moindres occasions il te faut l’assistance d’un individu. C’est pourquoi ne t’en remets pas à la société, mais vois ce qu’il te faut payer pour que ton vœu soit satisfait.

L’argent doit-il être conservé dans les rapports entre égoïstes ? La possession héritée se raccroche désespérément au vieux coin monétaire. Si vous ne voulez plus de cette monnaie en paiement, elle n’a plus de valeur ; si vous ne voulez rien faire pour elle, elle perd toute sa puissance. Rayez l’héritage et vous aurez ainsi brisé le sceau que la justice y appose. Tout maintenant est héritage, soit déjà hérité, soit à hériter. Si c’est votre héritage, pourquoi y laissez-vous mettre les scellés et respectez-vous ces scellés ?

Mais pourquoi ne pas créer une nouvelle monnaie ? Anéantissez-vous donc vos denrées parce que vous leur enlevez l’effigie héréditaire ? Aujourd’hui l’argent est une marchandise et un moyen essentiel, une fortune. Car il empêche que la fortune ne se cristallise ; il la maintient toujours à l’état fluide et favorise sa circulation. Connaissez-vous un meilleur moyen d’échange ? Tant mieux, mais ce sera toujours une « monnaie ». Ce n’est pas l’argent qui vous fait préjudice, mais votre impuissance à vous en emparer. Mettez en action vos moyens, assemblez vos forces et vous ne manquerez pas d’argent — d’argent frappé à votre coin. Mais travailler, je n’appelle pas cela « mettre en action ses moyens. » Ceux qui se bornent à chercher du travail et qui veulent « travailler de toutes leurs forces » se préparent inévitablement à eux-mêmes le manque de travail.