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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/378

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De l’argent dépendent le bonheur et le malheur. Dans la période bourgeoise il est une puissance. Tous le recherchent comme une jeune fille, mais personne ne peut s’unir à lui en mariage indissolublement. On voit revivre dans la concurrence toute la chevalerie et tout le romantisme de la brigue pour un objet si cher. L’argent, l’objet de la flamme, est séduit par de hardis chevaliers « d’industrie ».

Celui qui a la chance ramène la fiancée au logis. Le gueux a la chance ; il la conduit dans sa demeure « la Société » et lui prend sa virginité. Chez lui, elle n’est plus sa fiancée mais sa femme, et elle perd aussi, avec sa virginité, son nom de famille. La pucelle argent devenue dame du logis s’appelle « travail » car « travail » est le nom de l’homme. Elle est la propriété de l’homme. Pour pousser l’image jusqu’au bout, l’enfant qui naît du travail de l’argent est encore une vierge, l’argent, mais ayant pour origine certaine le travail son père. La forme de son visage, « l’effigie » porte une autre empreinte.

Finalement, pour en revenir à la concurrence, elle doit son existence à l’incompréhension générale de ce qui est la cause de tous et au manque absolu d’entente. Le pain, par exemple, est le besoin de tous les habitants d’une ville ; c’est pourquoi ils pourraient facilement s’entendre pour créer une boulangerie publique. Au lieu de cela, ils laissent pourvoir à ce besoin par des boulangers concurrents. — Ils laissent de même la viande aux bouchers, le vin aux vignerons, etc.

Abolir la concurrence ne signifie pas autant que favoriser la corporation. La distinction est celle-ci : dans la corporation, la boulangerie, etc., est l’affaire