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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/379

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des membres de la corporation ; dans la concurrence, elle est celle de concurrents quelconques ; mais dans l’association, elle est la chose de ceux qui ont besoin de pain ; la boulangerie est ma chose, ta chose, elle n’est plus celle de boulangers concessionnés ou membres de la corporation, elle est celle des associés.

Si je ne m’inquiète pas de ma cause, je dois m’accommoder de ce que les autres veulent bien me laisser avoir. Avoir du pain, voilà ma cause, mon vœu, mon droit, et cependant on abandonne l’affaire aux boulangers et c’est tout au plus si l’on compte sur leurs querelles, leur émulation, leur rivalité, bref sur leur concurrence pour obtenir un avantage sur lequel on ne pourrait compter avec des boulangers en corporation qui ont en pleine propriété et exclusivement le droit de cuisson. Chacun devrait prendre part à la confection et à la production de ce qu’il a besoin. C’est sa chose, sa propriété, ce n’est pas la propriété du maître boulanger, qu’il appartienne à une corporation ou soit concessionné.

Jetons encore un coup d’œil en arrière. Le monde appartient aux enfants de ce monde, aux enfants des hommes, le monde n’est plus à Dieu mais à l’homme. Tout homme appelle sien tout ce qu’il peut tirer de ce monde ; seulement l’homme vrai, l’État, la société humaine, l’humanité, veille à ce que chacun ne fasse pas sien autre chose que ce qu’il s’approprie comme homme, c’est-à-dire d’une façon humaine. L’appropriation inhumaine est celle que l’homme n’autorise pas, c’est-à-dire qu’elle est criminelle, comme inversement l’appropriation humaine est celle qui se fait « légalement » par les voies du droit.

Ainsi parle-t-on depuis la Révolution.