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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/388

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donc pour procurer à mon livre la liberté de la presse ? Est-ce que je demande la permission, est-ce que je ne cherche pas plutôt l’occasion favorable que je saisis sans prendre le moins du monde en considération les vœux de l’État et l’État lui-même au lieu de réclamer à tout instant une liberté légale ? Il me faut dire ici l’horrible parole : je trompe l’État. Vous faites inconsciemment la même chose. Du haut de vos tribunes vous insinuez qu’il doit faire abandon de son caractère sacré et inviolable, qu’il doit s’offrir en proie aux attaques des écrivains, sans y voir pour cela un danger. Mais vous le circonvenez, car c’en est fait de son existence dès qu’il perd son intangibilité. À vous certes il pourrait accorder la liberté d’écrire comme l’a fait l’Angleterre ; vous êtes des croyants de l’État, et incapables d’écrire contre lui tant que vous trouverez en lui quelque chose à réformer, ou une lacune à combler. Mais qu’arriverait-il si des adversaires de l’État mettaient à profit la libre parole et bouleversaient avec des raisons impitoyables l’Église, l’État, les mœurs et toutes choses « sacrées ». Pris d’une angoisse affreuse, vous seriez les premiers à remettre en vigueur les Lois de Septembre, vous vous repentiriez trop tard de la sottise que vous alliez commettre en égarant et en aveuglant l’État et ses gouvernants.

— Mais moi je prouve par mon action deux choses ; d’abord que la liberté de la presse n’est toujours liée qu’à des « occasions favorables » et par conséquent ne doit jamais être une liberté absolue, en second lieu, que celui qui veut en jouir doit chercher partout l’occasion favorable et, si possible, de le faire naître, en faisant valoir contre l’État son propre avantage et en tenant soi et sa volonté pour supérieure à l’État et