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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/389

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à tout « pouvoir supérieur » . Ce n’est pas dans, mais contre l’État, que la liberté de la presse peut réussir ; s’il faut qu’elle soit établie, elle doit être non le résultat d’une prière, mais l’œuvre d’une révolte. Toute proposition, toute demande de liberté est déjà, consciente ou inconsciente, une révolte, chose que la médiocrité philistine ne voudra ou ne pourra jamais s’avouer jusqu’à ce que, tremblant de tous ses membres, elle en voie les résultats formels et incontestables. Certes, au début, la « liberté de la presse » montre un visage aimable et bienveillant, car elle est bien loin de penser qu’elle donnera jamais naissance à « l’impudence de la presse »[1] ; mais peu à peu son cœur s’endurcit et elle arrive insensiblement à cette conséquence qu’une liberté n’est pas une liberté si elle demeure au service de l’État, de la morale ou de la loi. Libre de la contrainte de la censure, elle ne l’est pas du joug de la loi. La presse, une fois qu’elle est prise du désir de la liberté, veut devenir toujours plus libre, jusqu’à ce que l’écrivain se dise enfin : je ne suis absolument libre que lorsque je ne demande rien, mes écrits ne sont libres que lorsqu’ils sont mon bien propre, qu’ils ne me sont dictés par aucune puissance, par aucune autorité, par aucune foi, par aucun respect ; la presse ne doit pas être libre, c’est trop peu — elle doit être mienne : — La propriété de la presse, voilà ce que veux m’approprier.

« La liberté de la presse n’est qu’une permission donnée à la presse, et l’État ne voudra et ne pourra jamais permettre que j’emploie la presse à le réduire en miettes. »

  1. Il y a ici une équivoque intraduisible. Stirner oppose à Pressfreiheit (liberté de la presse) Pressfrecheit (impudence de la presse).