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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/417

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Il régnait dans une certaine université la coutume que toute parole d’honneur d’étudiant donnée aux censeurs de l’université devait être regardée comme nulle et non avenue. Les étudiants considéraient l’exigence du serment comme un piège auquel ils ne pouvaient échapper qu’en enlevant au serment toute son importance. Mais celui qui trahissait la parole donnée à un de ses compagnons était taxé d’infamie ; tandis que celui qui la donnait à un des censeurs riait au milieu de ses compagnons du pauvre homme abusé, qui s’imaginait qu’une parole d’honneur a même valeur entre amis qu’entre ennemis. C’est moins une juste théorie que la nécessité de la pratique qui avait enseigné aux étudiants à agir ainsi, car sans cet expédient ils auraient été amenés à trahir leurs compagnons. Mais si le moyen s’avère dans la pratique, il a aussi sa confirmation théorique. Une parole d’honneur n’en est une que pour celui que j’autorise à la recevoir ; celui qui m’y contraint n’obtient qu’une parole contrainte, hostile, la parole d’un ennemi à laquelle on n’a le droit de se fier ; car l’ennemi ne nous donne pas le droit.

D’ailleurs les tribunaux de l’État ne reconnaissent pas l’inviolabilité du serment, car si j’ai juré à un prévenu de ne rien dire contre lui, le tribunal, malgré que ce serment me lie exigera ma déposition, et en cas de refus, me fera emprisonner jusqu’à de que je me décide — à me parjurer. Le tribunal « me dégage de mon serment ». — Combien généreux ! Si une puissance quelconque peut m’en délier, je serai moi, la première avant toute autre qui puisse avoir cette prétention.

À titre de curiosité et pour donner un échantillon de tous les genres de serments, je rappelle ici celui que