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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/418

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le tzar Paul fit prêter aux Polonais prisonniers (Kosciuzko, Potocki, Niemcewickz, etc.), lorsqu’il les libéra : « Nous ne jurons pas seulement fidélité et obéissance au tzar, mais nous promettons encore de verser notre sang pour sa gloire ; nous nous engageons à révéler tout ce que nous pourrions jamais apprendre qui menaçât sa personne ou son empire ; enfin nous déclarons qu’en quelque point de la terre que nous nous trouvions, un seul mot du tzar suffira pour nous faire quitter tout et nous remettre aussitôt à lui. »




Il y a un domaine où le principe de l’amour paraît avoir été depuis longtemps dépassé par l’égoïsme et semble seulement avoir besoin d’une ferme conscience, en quelque sorte de la victoire appuyée sur une bonne conscience. Ce domaine est la spéculation en sa double manifestation, sous forme de pensée ou de négoce. On suppute ce que cela peut rapporter et l’on calcule combien pourront souffrir de nos entreprises spéculatives. Mais quand l’affaire devient sérieuse, quand il s’agit d’abolir le dernier reste de religiosité, de romantisme ou « d’humanité », la conscience religieuse se manifeste en nous, et l’on se rattache du moins à l’humanité. Le spéculateur avide jette quelques groschen dans l’escarcelle du pauvre, et « fait le bien », le penseur hardi se console en pensant qu’il travaille à l’avancement du genre humain et que les ravages qu’il cause aboutiront « au profit de l’humanité », ou encore « qu’il sert l’idée » : l’humanité ; l’idée est pour lui la chose dont il dit : c’est au-dessus de moi.

Jusqu’aujourd’hui on a pensé et agi pour l’amour de